Clip « Regard ébloui » :

NB. Le lien ci-dessus renvoie vers la seconde version du clip créée suite à une réception plutôt négative de mon visage en gros plan. J’ai superposé deux animations presque identiques : papier glacé, calque, pastel gras et sec, gouache, crayon, éclairage…
C’était enfin l’heure de réaliser un clip, un moment de création, de liberté. Quitter la musique pour l’image, ou mettre de l’image sur les mots ! Dans ma jeunesse, j’avais fait des études de cinéma ; l’arrivée du smart phone permettait de filmer facilement. À travers cette pratique, je me suis créé comme un style de caméra tournante, avec un double mouvement du cameraman et de l’acteur.
Pour moi, l’art du cinéma ne tient pas principalement dans le jeu des acteurs mais dans les mouvements de caméra. Ils sont le vecteur de l’émotion, du rythme comme l’archet pour le violon ; ils sont les porteurs de la tension et de la progression, comme l’harmonie, les accords qui colorent les mélodies.
Je ne me suis pas retenu d’utilisier les gros plans, plans américains, superpositions et fondus enchaînés que j’apprécie tout particulièrement.
La réalisation s’est avérée difficile : retour à la réalité ! Pourtant, j’avais bien travaillé mon script. À défaut des plages ouvertes sur l’océan : la baie de Somme. Splendide mais plus ventée ce jour là que prévu, et la végétation en bordure de rivage ne m’a pas permis de gommer l’horizon au montage: adieu, les superpositions programmées ! Les smartphones tremblaient sous les rafales, il a fallu se résoudre au plan fixe ; j’ai du improviser une forme de chorégraphie, tournant sur moi-même à chaque succession de refrains et couplets.
Au final, une seule prise de 3’30 de Corinne – la marée remontait et le surveillant de la digue nous rappelait à l’ordre -, une seule prise fixe de mon chant à la guitare, et… juste quelques secondes où je tourne bras écartés. Heureusement je mets en boite quelques images rapides de nuages et du soleil. Auparavant, j’avais réalisé seul à la maison un filage de la chanson sur mon visage en gros plans, le jeu des doigts sur la basse et la guitare lors des instrumentaux.
Le défi du montage : le matériel est donné, à toi de jouer ! Quel logiciel ? Je me décide pour un programme familial après quelques essais. Mais la synchronisation est laborieuse, et les pistes ne sont pas superposables à l’infini, les effets cumulables a volo, je suis obligé de procédés par étapes, par blocs successifs… impossible de revenir en arrière : c’est une limite à la créativité…
Mais, je crois avoir eu la chance du débutant, de belles coïncidences apparaissent. La superposition gomme la présence du chanteur, alors à chaque début de refrain ou couplet, je tourne et revient bien présent, dans le réel comme un narrateur qui reprendrait le fil du récit après le rêve, le monde onirique. Et puis la séquence où, – fondu en entrée – je me tourne vers Corinne qui se retourne simultanément face à moi comme si nous nous cherchions, avant de s’évaporer dans un fondu de sortie au moment où je chante : « tu t’es évanouie… »
Le cinéma, de par son langage de superposition et le lyrisme du mouvement, permet de dire d’un manière unique le parallèle entre l’éblouissement produit par les éléments et par le visage de la femme aimée ; l’éclat comparé du soleil et de l’amour brillé dans les yeux.